Baptême de l’art: retour vers le futur (et les 90’s)

Doc et Marty avaient leur DeLorean ? Ne soyez pas jaloux : pour la 35e édition du festival Bruxelles Babel, l’ASBL Tremplins crée son propre convecteur temporel. Même pas besoin de plutonium, il vous suffit d’un ticket pour enclencher le voyage. A vous les cabines téléphoniques, les bracelets brésiliens, les sacs bananes, les cassettes VHS, le Mia d’IAM et le Jump de Kris Kross dans les walkmen. Oui, parce qu’on oubliait de préciser : le boîtier de contrôle affiche les années 90 sur son cadran. Ce devait être, comme chaque année, un grand spectacle multidisciplinaire mais, crise sanitaire oblige, Bruxelles Babel prend cette année la forme d’une exposition audiovisuelle à la Tour à Plomb. Intitulée Retour vers les 90’s, l’installation rassemble les créations de 120 jeunes. En explorant l’adolescence de leurs parents, ils font renaître, à travers différentes capsules vidéos, les phénomènes culturels, artistiques et sociaux d’une décennie plutôt foisonnante, qui débute en 1989 avec la chute du Mur de Berlin et s’achève avec la chute des tours jumelles le 11 septembre 2001. Fruit d’ateliers de musique, danse, vidéo, slam ou beatmaking, l’expo scrute le passé pour mieux interroger notre futur. En voiture, nom de Zeus !

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L’histoire bégaie

Le parcours de l’exposition est divisé en différentes salles qui retracent les années 90 en plusieurs prismes. En marge des mouvements artistiques de l’époque, les vidéos explorent des drames marquants comme le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Encadrés par le groupe Amasaro, des jeunes ont suivi des ateliers de slam ou de danse rwandaise pour exprimer et perpétuer cette mémoire à travers l’art. Certains ont choisi de se remémorer la Marche blanche qui a eu lieu à Bruxelles en 1996 à la suite de l’affaire Dutroux. Se pencher sur la libération de Nelson Mandela en 1990 a permis à d’autres jeunes de faire le lien entre l’apartheid d’antan, en Afrique du Sud, et les mécanismes racistes toujours bien présents dans nos contrées aujourd’hui. Babel a également tourné un clip qui revisite le Zombie des Cranberries sur le conflit nord-irlandais.

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MTV renaît

Quand ils ne pirouettaient pas sur leur skateboard ou leur BMX, les ados des années 90 faisaient les beaux jours du hip-hop. Aujourd’hui, leur progéniture prend le relais. Dans le cadre de Bruxelles Babel, de jeunes danseuses réinterprètent des mouvements nineties sur des grands classiques comme Can’t Touch This de MC Hammer. Hip-hop ou breakdance côtoient aujourd’hui des ateliers de beatmaking, le tout générant des clips musicaux visibles au fil de l’expo. Certains jeunes ont par ailleurs travaillé avec un artiste pochoiriste pour réaliser des pochettes de vinyles. D’autres ont ressuscité les Tontons du Bled pour évoquer les périples en famille pour passer l’été au Maghreb. Tout au long de l’année, l’ASBL Tremplins intervient dans les écoles secondaires ou en partenariat avec d’autres associations pour libérer la créativité des jeunes.

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L’avenir se fait plus léger

Tout simplement annulé en 2020, le festival Bruxelles Babel ne s’est pas démonté en 2021. Les jeunes ne pourraient pas monter sur scène ? Qu’à cela ne tienne, l’organisation s’adapterait. Face à l’envie des jeunes de continuer à se rencontrer, les ateliers ont été maintenus, quitte à se dérouler en ligne. Joutes verbales, stand-up, live painting, chant, poésie : la jeunesse bruxelloise a défié la pandémie pour continuer de vivre, de créer. Tout comme les années 90 ont dû surmonter la vague du sida, 2021 aura persévéré dans l’ombre du covid. A l’image de ces jeunes qui n’ont pas manqué d’imagination pour se réinventer et tourner ces capsules vidéo, dans le respect des mesures sanitaires. Résultat ? Une exposition audiovisuelle qui puise dans le passé afin de réenchanter notre futur. Pour vite, vite, reprogrammer la DeLorean vers un avenir plus funky.